jeudi 29 mars 2012

Madame Muscles

Je crois que j’ai toujours aimé le sport. Je ne dis pas que j’ai toujours aimé FAIRE du sport, mais une âme de combattante sommeille profondément en moi (vraiment profondément… Faut aller le chercher un peu loin, mais il existe…Je crois…).
Bien sûr à l’école, les cours d’EPS ont toujours été une corvée, avec un prof tyrannique qui vous fait courir sans raison 26 fois autour d’un poteau comme un chien court après sa queue. Au bac, j’ai fait volley en jupe (5/20), danse en pyjama (8/20) et course de vitesse. Là j’ai eu quand même 19/20, en précisant que je courrais contre moi-même vu que j’étais la seule à faire cette épreuve…
Puis, adulte, j’ai fait comme 70% de la population et je me suis inscrite dans une salle de sport. Et comme 99% de ces mêmes gens, j’ai abandonné au bout de quelques semaines. En même temps, rien que le fait de s’y rendre c’est déjà du sport.
D’abord à l’inscription, pour être sûr que tu n’hésiteras pas à faire ton chèque, il te mette Pablo, 1m94, 80kg, brésilien ultra golé en moule bite jaune flashy, qui t ‘explique en te palpant le gras des hanches, que ‘ma tou est magnifique ma laisse moi té rendre extrrrraordinaire’. Alors l’extraordinaire, ça coûte environ 1000€ par an, ‘ma oui ma tou sera la plou sexxxy’. Ah bon, ben d’accord alors. Et hop ! Pâtes au beurre pour le reste de l’année !
En premier, je passe par la case magasin de sport et je m’équipe comme si j’allais concourir au marathon de New York. Petit jogging pratique mais sexy, tee-shirt anti-transpiration mais ultra-féminin et baskets rembourrées mais roses… J’achète même le bandeau pour poignet, qui à l’heure d’aujourd’hui n’a toujours pas trouvé son utilité.
Me voici prête, poussant fièrement la porte du club, petit clin d’œil à Pablo au passage, me rendant au premier cours de fitness. Et pour la première fois de ma vie, j’assiste à un rituel animal assez étrange, où les femelles se battent à griffes nues pour le meilleur tapis et la meilleure place. Mesdemoiselles, sortez de votre mémoire le seul cours de judo que vous avez pris à 12 ans et faites preuve de réflexes inégalables. J’ai d’abord rebondi pendant 5 minutes contre la porte, poussée par Jocelyne, Christiane et le reste de leur gang. À côté, le concert de Booba ressemble à une partie de plaisir. Allez, je prends un tapis, le dernier troué et sale, et je prends place, la dernière d’ailleurs, au fond à gauche collée au radiateur… Quand la musique commence, je perds déjà l’équilibre. Je prends conscience alors que je vais faire subir à mon pauvre corps 1h30 de musique techno à 500 décibels. La prof, (elle, elle a du avoir une enfance en ex-Urss pas facile..) répète en boucle des enchaînements chorégraphiques dignes des clips de Beyoncé. Elle bouge, comme les autres, mais ne transpire pas. Jamais d’ailleurs, ce qui me fait demander si elle est bien réelle. Moi, dans mon coin, je meurs. Un subtil mélange entre un homard breton cuit et une vieille femme en fin de vie. Jocelyne se fout de ma gueule. La salope. La prof hurle ses mouvements si fort que j’ai l’impression de me faire engueuler. Au bout d’une heure, je longe le mur et sors discrètement de la salle.
Bon, pas de panique, les cours collectifs c’est pas pour moi, mais il me reste les machines !
Les machines, il faut avoir fait bac+6 pour comprendre le quart de l’utilité des boutons. Au bout de 14 balancements de jambes d’avant en arrière, j’avoue, j’en avais déjà marre. J’essaye de décrocher un sourire au jeune homme suant de douleur à côté de moi, mais je me rends compte assez vite que dans les usines, personne ne se regarde ni ne se parle. Des écrans de télé disposés un peu partout dans la salle balancent des clips RnB en boucle, histoire de te dire discrètement que si tu veux le corps de Rihanna va falloir bosser un peu !
15 jours plus tard, je donnerai n’importe quoi pour récupérer mon chèque…Mais évidemment, pour 10€ de plus j’ai refusé l’assurance annulation, me persuadant que ça serait une bonne motivation pour y rester. Et bien non, avec ou sans ça ne change absolument rien.
L’année d’après, je me laisse tenter par le Power Plate, dont un ami m’a vanté les mérites.
24h après le cours d’essai, je rayais cette personne de mon cercle amical. Au bout de 6 minutes de torture sur la machine, je suis persuadée que mon foie s’est déplacé de quelques centimètres… Mon cerveau aussi. Le Power Plate c’est un peu comme si on vous attachait pieds et mains liés à un vibromasseur géant version sado-maso. Mais sans le plaisir. Je pense qu’aujourd’hui, il me reste encore de grosses séquelles psychologiques…
S’en est suivi d’autres salles de sport, d’autres Pablo et Jocelyne, durant plusieurs années. Avec toujours le même échec final.
Une fois, je tente la piscine, il paraît que « ça muscle tout ton corps tu vas voir c’est GE-NI-AL ». Mouai. C’est génial mais surtout si tu enlèves l’eau toujours tièdasse à la limite du froid, les douches dégueulasses avec des poils d’origine inconnue qui se faufilent entre tes orteils, le look capote géante avec le bonnet de bain qui t’arrache le crâne et les lunettes qui décollent les yeux. Sans oublier que vu mon niveau proche d’un enfant de 6 ans, je me fais constamment engueuler « les lents c’est la file de gauche ! », si bien que je finis toujours par m’échouer dans le petit bain.
Voyant mon envie de muscles toujours intacte mais mon découragement toujours plus fort, je me mit à la WiiFit. Moins cher, moins loin, moins jugée. Cette fois, je suis seule face à mon écran, le prof ne me hurle pas dessus, il me parle même gentiment. Et même si je suis censée respecter un programme précis, défini auparavant par mon poids, ma taille et la couleur de mes chaussettes, je m’en fous, j’y vais quand j’en ai envie ! Et si ça lui plaît pas ? Je coupe le son. Je me dis, ça y’est LaVoyou, tu as trouvé chaussure à ton orteil ! Et voilà pas qu’une vingtaine de jours plus tard, j’ai déjà oublié que j’avais cet engin magique rangé sous le canapé. Parce que la motivation, sans Pablo, sans Beyoncé et ses copines, ben c’est pas pareil…Elle est sympa la dame qui me montre comment faire des ronds avec mes bras pendant 30min pour perdre 4 calories (si si c’est marqué en bas à droite !) mais bon, elle est encore moins réelle que ma tortionnaire du Club. J’aimerais lui dire que je vois pas en quoi faire des balancements de droite à gauche me permettra de faire du oula-oup cet été sur la plage, mais elle s’en fout. D’ailleurs tout le monde s’en fout. Sauf peut être mes voisins qui après m’avoir observé de la fenêtre d’en face (j’avais oublié de tirer les rideaux), pensent qu’il serait temps que j’aille consulter. « Regarde René, la fille d’en face se fait un dialogue avec sa télé… Si c’est pas malheureux… En plus elle a des spasmes. » Non mamie, je suis Wiifitée c’est pas pareil !

Allez, j’arrête les frais, il faut se rendre à l’ évidence. Je pourrais toujours mater d’un coin de l’œil le joggueur du coin et rire intérieurement de sa souffrance, mais je range dans un vieux tiroirs mon jogging et ses accessoires.  Le sport et moi, on s’aime bien, mais on s’aime mieux de loin…

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