jeudi 15 mars 2012

Quart de singe

Ça y’est. Putain de 25. À peine entrée dans la vie et hop j’entame déjà ma 6626e journée.
25 ans… mais qu’est ce que j’ai fait pendant 25 ans ?
Du plus lointain souvenir que j’ai (à 5 ans vomissant à moitié sur ma mère dans mon lit) au plus récent (hier, les courbatures atroces dues à 2h30 de bowling sur ma console de jeu), ma vie semble être passée sans que je ne m’en rende compte. Certains moments m’ont marqué plus que d’autres, et c’est avec vous, lecteurs, que j’ai choisi d’en partager 5. Sans rapport entre eux, chacun de ses souvenirs a contribué à sa manière à forger ma personnalité…

1994
Premier pas dans l’art.
Tous les mercredis, avec Noémie, c’est danse. Nos mères, qui nous y ont inscrit quelque temps auparavant, ne se doutaient pas qu’il allait falloir se taper 7 ans de représentations dans des salles aussi prestigieuses que la salle polyvalente de Knokke le Zout. Une fois on a un costume de la pub Kodak, qui gratte atrocement, une autre, on danse le ‘feu’ et la ‘mer’ en simultané et on court partout, on saute, on écarte les bras les jambes. Moi même, je ne sais pas trop ce que je fais. Étant la seule élève ne sachant écarter les jambes à plus de 45°, je suis la pro du « vas y bouge n’importe comment de toute façon, c’est de la danse contemporaine »…
7 ans plus tard, je commence le théâtre et cette fois, c’est parti pour 9 ans de récitation acharnée ; de « ah ouai c’est vachement bien, j’ai pas tout compris mais c’est vachement bien » ; de durées indéterminées (un spectacle de 5 heures où je n’apparaît que dans les 10 dernières minutes) ; de fous rire aussi, en plein bac théâtre quand la prof de littérature décide de donner le sein à son môme, en plein Tchekov ; et de « vagine le texte putain vas y sort le de ton trou ! »dixit mon prof de théâtre, qui fut le dernier d’ailleurs…

1997
Premier nichon.
Ça y’est, j’ai les tétés qui poussent. Première brassière, première sensation de féminité absolue. À la porte du CM2, j’enlève mon tee-shirt quand ma mère ne me voit plus et je suis les cours de M. Alain en soutif. Normal. Je sens que je suis une femme. On me regarde. Ou plutôt on regarde mes deux boulettes qui peinent à dire bonjour à travers la brassière LiliSerelou taille –1. Y’en a une qui est jalouse, c’est A. A et moi on veut la même chose. On veut H. Mais H, il ne veut ni la blonde ni la brune. Il ne sait pas quoi (en même temps une telle pression à 10 ans, ça peut vous faire tourner la tête). Une guerre éclate. Brassière contre couettes. Je perds. Première déception amoureuse. Plus jamais je ne porterai de soutien gorge.

2003
Premier boulot.
J’ai 16 ans et je pars cuisiner à Toulon. Mes dernières expériences culinaires aussi foireuses furent elles (merci papa d’avoir mangé jusqu’au bout mon soufflé pas-soufflé-parce-que-j’ai-oublié-la-levure-ah-oui-tiens-la-levure…) m’avaient appris une certaine rigueur dans l’apprentissage. Il est midi quand le chef croate me baragouine dans un pseudo français d’aller éplucher 40 kg de pommes de terre grâce à un monstre de technologie, aussi appelée « machine à patates ». Après avoir cherché toutes les possibilités de sorties de secours afin de m’échapper rapidement de ce calvaire, je réussis à trouver le bouton ON au bout de 45 minutes et je pus revenir en cuisine, traînant lourdement mon sac de pommes, laissant derrière moi une traînée de boue dans toute l’école. Après avoir subi un savon croate en pleine face, le chef m’ordonne calmement d’enlever les dernières peaux restantes, à la main. C’est là que devant tout le monde, une quinzaine de personnes me fixant, je demande pour réaliser cette tache, une écumoire. Oui. Et j’épluche (enfin j’épluche, je massacre) ma pomme de terre, fièrement, avant de réaliser que si tout le monde est plié en deux de rire, c’est parce qu’au lieu d’utiliser un économe, j’ai une passoire à la main.
1h plus tard, j’étais de retour à la plonge.

2009
Première intoxication.
À Cassis avec ma meilleure amie. Midi. Il fait chaud. Trop chaud. Du coup je décide de manger une salade de la mer dans le bouiboui le plus crade de la plage. Normal.
12H30, après avoir ingurgité la première crevette, je me précipite aux toilettes du bar et je commence à mourir.
12h45, il faut partir. Vite. Maintenant.
13h, le club de plongée me remercie chaleureusement d’avoir utilisé et du coup repeint leurs toilettes communes.
13h20, mon amie comprend que je ne rigole plus, d’ailleurs je ne peux plus rien faire, je suis, en bikini, seule, avec mon terrible destin. Dans sa voiture, elle fonce.
13h25, la voiture s’arrête au bord de l’autoroute. Je me jette en tong sur la chaussée et j’escalade la petite montagne de verdure. Là, enfin cachée des automobilistes, je me concentre pour ne pas mourir tout de suite, mais me rend compte assez rapidement que je fais mes besoins à l’entrée d’un camp roumain. Je pleure. Encore.
14h, c’est les embouteillages. Je n’arriverai pas à la maison assez vite. Je sors de la voiture en marche, je cours, toujours en bikini, pour atteindre le premier bar PMU de l’entrée de la ville. Je casse mes chaussures. Je cours pieds nus. Le patron de bar n’a pas le temps de me prévenir, je me rue dans l’arrière cour et ouvre la porte des toilettes….. immondissimes…..à la turc… pieds nus…. Je n’ai jamais remis les pieds à Cassis.

2010
Première vie de couple.
Je me lance, moi Lavoyou, incapable d’entretenir plus de 3mois une relation stable, dans le grand emménagement en couple. Je découvre enfin les joies du partage « comment ça t’as fini le jus d’orange ? Mais je l’ai acheté hier !» ou « y’a puuu de pééquuuuu » sont mes pains quotidiens. Fini les soirées ‘Tellement Vrai’ avec comme accompagnateur ma bière, mon pain et mon calendos ; fini les jambes poilues et les culottes de grand mère taille 44, les pets sous la couette, les Macdo discretos… On peut même plus s’enlever les points noirs tranquille !
Je découvre les joies du linge sale, du slip coincé sous le lit depuis 8 mois « ah ben tu vois je t’avais bien dis que je l’avais pas perdu », des miettes de Pépito répandues sous la couette quand je rentre tard « mais j’avais faiiiiim »… D’un autre côté, la vie à deux c’est aussi les interminables parties de Super Mario jusqu’à 2h du mat’, les réveils enchantés, le maquillage coulant et l’haleine fétide on s’en fout, les ronflements incessant qui deviennent nécessaire pour s’endormir, les cadeaux (plus besoin de s’en faire à soi même), les câlins (plus besoin de s’en faire à soi même !)…. La vie à deux, quelle expérience ! Et même si parfois ça rate, on est prêt à abandonner ses rituels (rien qu’un petit peu) encore et encore et encore….

En 25 ans, et par ses infimes exemples, la vie m’a appris à toujours aller plus loin dans ses rêves, qu’on arrive à faire la roue ou non, qu’on soit malade ou qu’on se tape la honte, qu’on se fasse prendre son amoureux ou qu’on le perde, ses 25 ans, je veux bien les revivre encore et encore et encore…..

Lavoyou

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