vendredi 4 mai 2012

NINA

Cette histoire commence, il y a 10 ans.
Ça y’est, le lycée ! Je suis grande, je commence peut-être même à vieillir. Je sais que les trois prochaines années seront, comme ils disent, les vieux, les plus belles de ma vie ! Je ne connais personne et j’ai les choqottes ! Par expérience, en colo, en vacances, en classe de nature, je sais que j’ai la malédiction de m’asseoir toujours le premier jour, à côté de LA relou de service.
Je suis la dernière à entrer dans la salle de classe. Je mate à gauche, à droite, personne ne m’inspire… Et là mon regard se pose sur cette nana. Une grande, cheveux noirs, maquillage un peu gothique, l’air sombre mais des yeux verts grands ouverts. Cette fille, elle me plaît !
Je m’installe à côté d’elle et ce, pour les 10 prochaines années. Cette nana-là, c’est toi.
Ensemble au lycée, on est devenue presque adulte. Tu te souviens de ces heures passées au Piment Café à comploter contre le monde entier, à organiser des rébellions contre nos parents qui nous emmerdaient, et à faire la liste de ce qu’on emporterait lors de notre fugue à la montagne. Tu te souviens des terminales, qu’on matait entre deux cours, dont on est tombée amoureuse forcément, et même qu’on mettait des mois avant d’oser leur parler. Tu te souviens des révisions, même si on en faisait peu, qui en salle d’études nous endormait.
Ensemble on est restée des mômes. Tu te souviens des fous rires à s’en pisser dans la culotte, quand le prof de math a annoncé qu’il allait se pendre, où quand, convoquées chez la principale, on a donné une excuse bidon mais toute fois scientifiquement possible au fait qu’on utilisait notre lecteur Mp3 en cours. Tu te souviens de notre prière quotidienne à la cantine, « Et que s'appelorio Quézac » avant de commencer à manger, et des enchaînements chorégraphiques pointus de notre Pulp Fiction revisité.
Les premières vacances sans les parents, ensemble à passer la journée à fumer nos premiers joints, à faire fuir tous les randonneurs qui passaient devant les fenêtres de la maison, en hurlant des insanités, les pizzas au micro-ondes qui nous lançaient des décharges électriques si on les touchait avec le doigt, les soirées interminables au Mackenzie avec Roger et Robert, en transe sur Le Lac du Connemara… Ou encore notre séjour dans le Sud, à faire du canoë sur des cadavres de sanglier (mon dieu j’en ai encore des frissons !), à faire bronzette en compagnie de Gala, Closer et son ami Marie-Claire. Les vacances, les vraies. Avec mes parents aussi… Le fou rire dans la cuisine à côté de ma mère qui ne comprenait rien et toi qui n’arrivais pas à t’échapper… Et les week-ends à Brunoy, les parties de ping-pong où je te bats de toute façon, et le badminton où là, tu me fait courir comme jamais.
Et puis, les années déconnes. Les boîtes, les cuites, les premières conneries d’adultes. Là aussi, on s’est soutenue. Il y a eu aussi les peurs, la peur que tu partes trop loin, trop vite, avec les mauvaises personnes. De la main, je t’ai rattrapé. Plus tard, c’est toi qui m’a pris sous ton aile quand les mauvais jours sont arrivés.
Et on est devenues adultes. T’as rencontré des mecs, pas forcément le bon, j’en ai rencontré plein surtout des mauvais, et on a pleuré chacune dans les bras l’une de l’autre, à tour de rôle. Je t’ai vu devenir ce que tu voulais, une Djette parisienne, londonienne et même arabe ! Je t’ai vu bosser comme une acharnée, pour faire taire les médisants. Toi tu m’as épaulé, tous les 6 mois quand je passais d’un job minable à un autre. Parfois même, on a travaillé ensemble, et c’est vrai qu’on était une équipe de choc !
En 10 ans, on ne s’est jamais fâchée. Parfois on s’est perdue de vue mais pour quelques heures seulement.
Voilà, ma Nina, mon amie, ma sœur, ma deuxième moi, tu remplies ma vie des meilleurs moments possibles. Tu ne m’as jamais laissé tombé, comme tant d’autres, même dans les moments les plus durs, tu restes fidèle à toi-même ; j’aime ta fraîcheur, ton indépendance et surtout ton courage. C’est sûr la vie ne nous a pas fait que des cadeaux, mais te rencontrer, il y a 10 ans dans cette salle de classe, fût pour moi le plus beau des Noëls ! J’aime passer mes lundis à regarder TopChef chez toi, à essayer de reproduire leurs plats même si on finit par faire des pâtes, j’aime passer 1h à te faire les ongles et à recommencer 10min plus tard parce que tu les laisse jamais sécher suffisamment, j’aime quand tu m’accompagnes faire des photos parce que j’ai trop peur d’y aller seule, j’aime quand on se répète pendant des heures les dialogues entiers de La Cité de La Peur, et quand je trouve que t’es un peu mon Chabat à moi. J’aime quand tu ris tellement fort que toute la salle se retourne, j’aime que tu sois comme moi, à dépenser des fortunes dans des équipements de sport inutile qui restent sous le canapé, j’aime que tu me fasses découvrir des nouveaux horizons musicaux et même si je comprends rien quand tu me parles de technique, j’aime quand t’es amoureuse et qu’en plus j’aime bien ton mec, j’aime quand tu m’écoutes me plaindre, m’angoisser, me prendre la tête et qu’à chaque fois tu me rassures. Bref, Nina, je t’aime toi ! Merci pour cette décennie, je t’offre la prochaine.

Joyeux anniversaire…



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